Âgé de plus de 90 ans, l’animal sacré avait succédé à un autre crocodile doyen, mort en 2005. La mare, qui abrite près de 200 crocodiles, est réputée pour la longévité exceptionnelle de ses pensionnaires, dont l’espérance de vie peut atteindre environ 150 ans.
Selon les explications de Ferdinand Kaboré, l’âge des crocodiles est estimé par les initiés à travers l’observation des écailles, mais aussi selon une croyance locale qui veut que chaque reptile avale un caillou par an. « Comme nous ne pouvons pas dépecer l’animal pour compter les cailloux, ce sont les initiés qui procèdent à l’évaluation de son âge. Chez nous, les crocodiles sont enterrés comme des humains, avec des funérailles réservées aux seuls initiés, et il est strictement interdit de révéler l’emplacement de leur tombe », a-t-il déclaré.
À Bazoulé, les crocodiles occupent une place centrale dans les pratiques culturelles et spirituelles. Considérés comme des protecteurs du village, ils sont traités comme des êtres humains : il est interdit de les tuer ou de consommer leur chair. À chaque décès, des funérailles similaires à celles des humains leur sont organisées.
La légende locale raconte que les crocodiles seraient « tombés du ciel » avec la pluie, il y a environ six siècles, à une époque où les habitants du village souffraient d’un manque d’eau. Depuis, les habitants organisent chaque année une fête de reconnaissance, marquée par des offrandes – souvent un poulet – pour solliciter santé, réussite, fertilité, protection ou chance.
Grâce à cette mare mythique, le village de Bazoulé est devenu une destination touristique incontournable, accueillant chaque jour des visiteurs venus du Burkina Faso et d’ailleurs, attirés par la proximité unique qu’ils peuvent avoir avec ces reptiles sacrés.
MC/MPI
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