Pendant plus d’un mois, des dizaines de jeunes issus de quartiers marginalisés ont œuvré ensemble pour nettoyer, restaurer et illuminer le plus grand monument historique du pays. Beaucoup d’entre eux avaient, par le passé, appartenu à des groupes opposés dans une ville longtemps marquée par les clashes armés et les lignes de fracture. Leur collaboration autour de ce chantier commun symbolise une volonté d’apaisement et de reconstruction.
La cérémonie de clôture, organisée le 10 décembre au cœur même de la forteresse, s’est déroulée sous le patronage du ministre de la Culture, Ghassan Salamé, représenté par le directeur général des Antiquités, Sarkis Khoury. Plusieurs responsables civils et militaires étaient présents, parmi lesquels Victoria Dunne, chargée d’affaires à l’ambassade britannique, principal soutien du projet.
Un documentaire retraçant l’histoire de la citadelle a ouvert la rencontre. La présidente de March, Léa Baroudi, a ensuite salué le travail des jeunes et des militaires mobilisés. Elle a rappelé que l’initiative s’inscrit dans une démarche engagée depuis plus de dix ans pour retisser des liens sociaux dans une ville meurtrie par la marginalisation et les violences. « Beaucoup de ces jeunes avaient autrefois participé aux affrontements. Aujourd’hui, ils relèvent les pierres qu’ils voulaient détruire », a-t-elle affirmé, soulignant le pouvoir de transformation de la jeunesse lorsqu’elle est accompagnée et reconnue.
Les interventions officielles ont mis en avant la portée patrimoniale, citoyenne et symbolique du projet, qui redonne à la citadelle son rôle de repère culturel et à Tripoli une dynamique de cohésion.
La cérémonie s’est achevée par la remise de certificats à soixante jeunes et militaires ayant pris part aux travaux, suivie de la levée du drapeau libanais au son de la musique militaire. Un geste fort, symbole d’un désir partagé de tourner la page des tensions.
Au-delà de la restauration d’un monument, cette initiative démontre que la culture peut devenir un outil de réconciliation, une passerelle entre communautés et un levier durable pour renforcer le tissu social. March entend poursuivre ce type de projets pour consolider l’appartenance des jeunes à leur ville et préserver le patrimoine urbain de Tripoli.
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