Le rapport détaille des mécanismes sophistiqués de financement du terrorisme, reposant sur des dépôts fractionnés, des retraits répétés en espèces et des transferts bancaires ou mobiles de faible montant. Ces techniques ont permis de brouiller les pistes et de financer la logistique des groupes armés ainsi que le recrutement de combattants.
Les acteurs mis en cause incluent des commerçants, des entrepreneurs, des fonctionnaires, des agents de mobile money et même certaines organisations à but non lucratif. Les flux financiers ont été particulièrement observés dans les provinces de Cabo Delgado – épicentre de l’insurrection – mais aussi dans la Zambézia, Nampula, Sofala, Manica et à Maputo, avec des ramifications identifiées vers d’autres pays d’Afrique australe, centrale et orientale.
Les sources de financement apparaissent multiples : d’un côté des activités légales comme le commerce alimentaire, la pêche ou la distribution de carburants ; de l’autre, des activités criminelles telles que le trafic de stupéfiants, l’extraction illégale de métaux précieux, la contrebande de bois et le trafic d’armes. Les transactions suspectes se font souvent par virements interbancaires multiples, mobile money et retraits en espèces dans des zones sensibles.
Entre 2017 et 2024, le GIFiM a examiné 86 communications d’opérations suspectes, 403 activités suspectes, près de 3 000 transactions de seuil, ainsi que 53 rapports de renseignement financier. Les principaux signaux d’alerte recensés vont de l’ouverture injustifiée de comptes multiples en monnaie électronique à l’usage de prête-noms, en passant par des retraits fréquents dans des zones d’attaques terroristes ou encore des flux financiers disproportionnés par rapport aux activités économiques déclarées.
Le rapport recommande un renforcement de la vigilance du secteur bancaire, une meilleure coopération entre institutions financières et services de sécurité, ainsi qu’une sensibilisation accrue des magistrats et du public aux enjeux du financement du terrorisme.
Ces conclusions rejoignent les alertes récentes des experts des Nations unies sur la persistance de la menace jihadiste dans le nord du Mozambique. Le groupe Ahlu Sunnah Wal Jama’a (ASWJ), affilié à l’État islamique, compterait aujourd’hui entre 300 et 400 combattants, dont une moitié de mineurs enrôlés de force. Dirigé depuis janvier 2025 par le Tanzanien Suleimane Nguvu, le mouvement poursuit des attaques sporadiques et finance désormais une partie de ses opérations par des enlèvements et des rançons, parfois payées via des applications de mobile money, générant jusqu’à 3 000 dollars par semaine dans certaines zones minières.
Le GIFiM espère, avec cette analyse, fournir aux acteurs financiers et sécuritaires des outils renforcés pour couper les ressources de groupes armés qui menacent la stabilité du Mozambique et de toute la région.
NN/MPI
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