En dépit de l’histoire politique mouvementée de la Guinée-Bissau, le renversement du président Umaro Sissoco Embalo ne suscite pas l’adhésion généralement observée lors des changements de régime militaires en Afrique de l’Ouest. Plusieurs organisations pro-démocratie ont rapidement dénoncé l’interruption du processus électoral, estimant que la transition imposée manque de légitimité.
Cette réserve interne se double d’un scepticisme international inhabituel. Plusieurs responsables et observateurs étrangers ont exprimé des doutes sur l’authenticité du coup de force, certains évoquant une opération orchestrée plus qu’une véritable prise de pouvoir. Les incohérences relevées dans le déroulé des événements ont contribué à renforcer la perception d’une manœuvre préparée en amont.
Sur le terrain, la junte installée à Bissau peine à mobiliser un soutien populaire. Des manifestations spontanées ont été dispersées et plusieurs jeunes ont été interpellés après avoir contesté publiquement le putsch. Des opérations musclées ont également été rapportées dans certains locaux de partis d’opposition, signe de la nervosité des nouvelles autorités face à une opinion largement distante.
La pression extérieure s’ajoute à ce climat tendu. D’anciens chefs d’État africains présents sur place au moment des faits ont évoqué un « coup d’État cérémoniel », tandis que certaines figures politiques régionales ont parlé de « combine ». Ces réactions renforcent l’isolement de la junte, déjà confrontée à un déficit de crédibilité interne.
Pendant que l’ancien président a trouvé refuge à Brazzaville, la transition, elle, reste exposée. La CEDEAO estime disposer d’une marge d’action plus importante que lors des précédents putschs sur le continent, notamment en raison de la fragilité du nouveau pouvoir. Mais les médiateurs régionaux devront composer avec une donnée structurelle : la profonde méfiance de l’armée bissau-guinéenne à l’égard du PAIGC, point considérée comme l’un des moteurs du renversement.
MPI/AKC
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