Originaire d’Androy, dans le sud du pays, l’officier de 46 ans est une figure bien connue du CAPSAT. Formé à l’Académie militaire d’Antsirabe, ancien gouverneur et ex-détenu, il avait gagné en popularité ces derniers mois en appelant les forces de sécurité à ne pas tirer sur les manifestants du mouvement citoyen « Gen Z ». Son geste lui avait valu le soutien d’une partie de la population, tout en suscitant la méfiance du pouvoir en place.
Longtemps discret, le colonel Randrianirina affirmait encore récemment « ne pas détenir le pouvoir » et se présenter comme un simple exécutant de la hiérarchie militaire. Mais la dégradation rapide de la situation politique a précipité les événements. Le 14 octobre, l’Assemblée nationale a voté à une écrasante majorité une motion d’empêchement contre le président Rajoelina, jugé coupable de violations répétées de la Constitution. Quelques heures plus tard, ce dernier quittait le territoire malgache pour « raisons de sécurité », avec l’appui de la France, tout en déclarant ne pas avoir démissionné.
Face au vide institutionnel, le colonel Randrianirina est apparu le lendemain au Palais présidentiel d’Iavoloha pour annoncer la création d’un Conseil de défense nationale de transition (CDNT), composé de cinq officiers supérieurs issus de l’armée, de la gendarmerie et de la police nationale. « On est ici pour prendre nos responsabilités. La crise a assez duré », a-t-il déclaré devant la presse.
Dans la soirée, la Haute Cour constitutionnelle (HCC) a entériné le changement en constatant la vacance du pouvoir et en invitant le colonel Randrianirina à exercer les fonctions de chef de l’État par intérim. La Cour a par ailleurs suspendu plusieurs institutions, dont le Sénat, la Haute Cour de justice et la Commission électorale (CENI), tout en fixant la durée maximale de la transition à deux ans. Des élections présidentielles devront être organisées dans un délai de 30 à 60 jours, selon les termes de la décision.
Le nouvel homme fort de Madagascar a promis la formation rapide d’un gouvernement civil chargé des affaires courantes, et assuré que la transition « ne concerne que la fonction présidentielle ». Il affirme vouloir « ramener le pays à la légalité républicaine » et préparer une réforme constitutionnelle avant le retour aux urnes.
Sur le plan international, l’Union africaine et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) ont exprimé leur inquiétude, appelant à un « retour rapide à l’ordre constitutionnel ».
Alors que le président déchu Andry Rajoelina maintient depuis l’étranger qu’il demeure le chef de l’État légitime, le colonel Randrianirina, désormais soutenu par une partie de l’opinion publique et de l’armée, s’impose comme le nouvel arbitre d’une transition dont la légitimité et la durée restent encore floues.
NN/MPI
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